« Essentielle » depuis Platon, « la poésie » a explosé de nos jours — jusqu'au doute rétroactif d’avoir existé… Longtemps il fut possible d’en unifier le concept, malgré les définitions opposées, par la convention formelle notamment : or, à la suite d’abruptions successives, les aires de définitions qui permettaient de l’unifier se sont élargies démesurément et le concept, désormais, subsiste à l’état gazeux. Quiconque y va encore de sa définition ajoute un coup de vaporisateur. Aussi, repartant de zéro, importe-t-il de revisiter les tropes de pensée, pour dire ce qu’« elle » n’est pas autant que pour en dégager, s’il se peut, et en décrire le générique : « la poésie » n’est pas un genre littéraire, mais une forme de pensée. On la reconnaît en son trope : le noème. Aux six propriétés, commentées avec Édouard : poursuivant ainsi avec lui, en monologue intérieur, ce dialogue public que nous avons mené en sa compagnie sur une scène d’Avignon en 2007, nous tenons l’Intention poétique en entretien infini pour dire que La Séparée (c’est le nom de famille de « la poésie ») existe et serait même admissible — comme tu semblais l’indiquer devant le Théâtre du Verbe Incarné, Édouard, levant ta canne au ciel, tel le bâton de l’aruspice, en direction des royaumes épars…" Alain Borer