Comment l’énergie artistique de la danse peut-elle contribuer à transfigurer un lieu et à travers lui notre regard sur le monde ? Ancré sur la durée et au cœur d’un projet collectif où la question de la relation est prépondérante, Daniel Favier répond à cette question en œuvrant quotidiennement au développement de la création chorégraphique sous toutes ses formes et sa présentation auprès de publics élargis. La Briqueterie/Centre de Développement Chorégraphique accompagne ainsi les artistes tandis que les œuvres circulent dans les lieux de diffusion du département, soit une vingtaine de théâtres partenaires dans le Val-de-Marne. Ces structures, également forces de proposition, participent pleinement, depuis la création de la Biennale de Danse, à l’essor de l’art chorégraphique sur le territoire. À travers une programmation articulée autour de projets de coopération européenne, et axée sur la visibilité d’artistes reconnus dans leur pays mais relativement peu repérés en France, comme la Norvégienne Ina Christel Johannessen, le Danois Palle Granhoj, le Belge Jan Martens installé aux Pays Bas, ou l’Autrichien Chris Haring, ce projet ambitieux ouvre davantage le spectateur aux esthétiques nouvelles, aux partages entre danse, arts plastiques, théâtre, geste, installation.
Daniel FAVIER est directeur de La Briqueterie / Centre de Développement Chorégraphique du Val de Marne depuis 2009. Auparavant, après une carrière d’artiste interprète, Daniel Favier fut administrateur de la compagnie de danse verticale Roc in Lichen puis directeur du développement des Hivernales d’Avignon/CDC Provence Alpes Côte d’Azur (de 1996 à 2009).
Le Centre de Développement Chorégraphique du Val de Marne organise chaque année les Plateaux (rendez vous professionnel et international) et la Biennale de Danse du Val de Marne (première édition en 1981 et prochaine édition en mars/Avril 2015), accueillant de nombreux chorégraphes internationaux dans une vingtaine de théâtres ou structures partenaires (théâtres de ville, scène nationale, MAC VAL..).
Depuis 2013, le CDC s’est installé à la Briqueterie (architecte Philippe Prost) et accueille de nombreux artistes et des compagnies chorégraphiques (résidences de recherche et de création). Il est engagé dans des projets internationaux (Métamorphoses, Migrant Bodies, B-Project autour du peintre J.Bosch, Aérowaves, Step beyond Step….). Il organise également des résidences croisées (Québec, Belgique, Australie…) et participe au programme Visa pour la création avec l’Institut Français. Le CDC accueille l’Université de Paris VIII (Techniques du Corps et Monde du soin) et un laboratoire d’expérimentation du CNRS. Le CDC édite l’une des seules revues de danse « Repères, cahier de danse » également disponible sur Cairn. Le CDC du Val de Marne est membre du réseau des CDC et du réseau européen IETM.
Mardi 8 avril 2014
Daniel Favier
Directeur de la Briqueterie et du Centre de développement chorégraphique du Val-de-Marne
Aujourd'hui, différents artistes se détournent progressivement des préoccupations rattachées à l'esthétique du tableau et de la sculpture pour adopter une position analytique et critique qui prend de plus en plus en considération le champ social dans lequel une œuvre trouve véritablement son sens. Ce fait est à l'origine des actions de l'agent d'art Ghislain Mollet-Viéville.
"Je ne suis pas un artiste, pour la simple et bonne raison que je suis un agent d’art. Il y a une composante en moi d’artiste et de créateur, bien sûr, mais j’insiste sur le fait que je ne suis pas un artiste. Par contre, si la société veut me définir en tant que tel, c’est elle qui décide pour moi : alors je suis un artiste ! De la même manière, les personnes avec lesquelles je m’associe ne se positionnent pas forcément en tant qu’artistes, mais certains pensent qu’ils produisent de l’Art, de ce point de vue là, ce sont des artistes. Je pense qu’il faut laisser chacun décider de la façon dont il interprète les actions des uns et des autres. Mais aujourd’hui quelqu’un qui créée n’est pas obligé d’en passer par la définition, ou le terme « artiste ». Ce que je demande à l’art n’est pas toujours ce qui est produit par les artistes, et ce que je demande à l’art ne se situe pas non plus forcément dans les lieux de l’Art. Il y beaucoup « d’art » qui n’est pas fait exprès." - Vers de nouvelles agences d’art ? conférences Art&Flux (Institut ACTE/CNRS) du 12 décembre 2009 / Amphithéâtre Richelieu/ Paris Sorbonne.
Ghislain Mollet-Viéville est Agent d’art, critique d’art et expert honoraire près la Cour d’Appel de Paris. Depuis 1975, son agence d’art est ouverte uniquement sur rendez-vous pour toute information concernant l’art minimal & conceptuel jusque dans ses développements aujourd’hui. Son but : faire intervenir différentes instances au sein de notre société pour mettre à jour les modalités de production, de diffusion, d’acquisition et d’actualisation d’œuvres dont l’originalité demande des principes inédits de présentation et d’activation. Avec lui, l’objet d’art n’est plus l’objet de l’art ! C’est pour défendre ces pratiques qui sortent du cadre habituel des lieux de l’art, qu’il a initié la profession d’agent d’art, manifestant par là son intérêt pour la gestion de l’art dans ses rapports avec la société. Depuis 1994, son appartement de la rue Beaubourg (occupé entre 1975 et 1992) a été reconstitué à l’identique et est présenté en permanence avec sa collection autour de l’art minimal & conceptuel au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Genève (Mamco). Dans son bureau parisien il est particulièrement intéressé par la présentation des certificats, avertissements, enregistrements, fiches techniques, procurations, protocoles, etc. mis en jeu par l’art actuel. Dans ces documents, la question du statut de l’art, tant sur le plan matériel qu’intellectuel, est largement prise en compte pour les interprétations des œuvres en fonction d’un temps et d’un lieu donné. Ghislain Mollet-Viéville est membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art et collabore activement à la Biennale de Paris.
Mardi 12 novembre 2013
Ghislain Mollet-Viéville
Agent d'art
"Un agent d'art peut-il être considéré
comme un artiste aujourd'hui ?"
Yann Toma est artiste contemporain, professeur des universités et artiste-observateur à l'ONU. Il nous invitera à questionner la notion de circulation au coeur des flux de la création.
Mardi 8 octobre 2013, 19h
Maison de l'Amérique latine - Yann Toma
SÉANCE INAUGURALE
DES CONFÉRENCES
ART 2013-2014
"Énergie artistique et création"
Alain GINTZBURGER et Johanna KORTHALS (artistes et comédiens) incarnent AIR, l’Agence Internationale de Remplacement. Lors d’un entretien préliminaire et à partir de votre demande, AIR invente la façon de figurer votre remplacement. Avec vous, AIR construit et met en oeuvre votre portrait, qui est appelé aussi « Monographie », tous types d’actions définis ensemble qui vous représentent le jour de votre absence et mises en œuvre pour vous transformer en AIRTISTE.
Sinziana Ravini, développe depuis quelques années la formule de “l’exposition-roman”, afin de mieux approcher les mondes de l’art et de la littérature – deux mondes qui restent encore inutilement opposés, malgré les clins d’oeils que les artistes et les écrivains se font perpétuellement.
L’écriture d’une exposition devient à la fois une manière de rendre le travail curatorial transparent à travers l’autofiction, un lieu de rencontre entre le curateur et les artistes, et une façon de ”narrativiser” l’espace de l’exposition qui permet au visiteur de faire ses propres lectures et dérives à travers les oeuvres.
Elle parlera de ”l’exposition roman” The Hidden Mother (2012), une exposition qui fait le lien entre l’art et la psychanalyse, The Chessroom (2013), un roman collectif sur la possibilité de l’art de changer le monde, ”l’exposition-film” The Black Moon (2013), un combat philosophique et amoureux entre deux personnes qui se rencontrent dans une exposition au Palais de Tokyo, et de sa prochaine exposition, The Peacock, qui aura lieu en 2014.
Sinziana Ravini est curatrice, critique d’art indépendante et enseignante à Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. Elle est directrice de The Future Lasts For Ever, éditeur des Éditions Montgolfier et rédactrice en chef du magazine suédois Paletten.
Mardi 3 décembre 2013
Sinziana Ravini
Historienne de l'art, critique d'art internationale
"L'exposition-roman"
Les séances auront lieu à 19h, à la Maison de l'Amérique latine, 217 Bd. Saint-Germain, Paris 7e (M° Solférino).
Un nouveau cycle de conférences de l'Institut du Tout-Monde, intitulé "Cycle de Conférences Art" vous sera désormais proposé en complémentarité et synergie avec le séminaire de François Noudelmann, ce dans le cadre d'un partenariat avec l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne (Art&Flux/ACTE/CNRS) et la Maison de l'Amérique Latine. Ce séminaire 2013-2014, consacré à l'art, s'intitule "Énergie artistique et Création" et impliquera tous les mois une personnalité du monde de l'art.
Si l’Énergie artistique est impalpable et en vibration constante, elle figure l’infigurable et démultiplie les langues auxquelles nous nous adressons. Elle laisse apparaître ce qu’Édouard Glissant nomme « démesure de la démesure », en capacité qu’elle est d’étendre les limites de l’art et d’investir le champ du réel. Ses flux sont art et nous ne pouvons les saisir. Ils sont espaces de mouvement et transformateurs de relation.
À notre époque chaotique, l’Énergie artistique questionne et met en perspective l’autonomisation de l’artiste, la charge de son travail au sein d’un corps social souvent constitué d’organismes indépendants. Le paradigme de l’autonomie de l’artiste est ainsi convoqué à travers les nouvelles représentations du corps, celles que l'inventeur Nicolas Tesla nommait "induction mutuelle". Il s’agit de traiter la question de la circulation des flux, de la poétique de la relation entre l’artiste et son environnement proche. La question de la charge de l’oeuvre sera aussi étudiée à l’aune de l’émergence des nouveaux statuts de l’artiste et du Tout-Monde.
À travers ce cycle, il s'agira, via les interventions successives issues de mondes artistiques distincts (artistes, critiques, commissaires d’exposition), d'identifier en quoi peut consister aujourd'hui le capital d'Énergie Artistique dont il peut être le dépositaire actif.
Yann Toma