Professeur honoraire au Collège de France (chaire Études juridiques comparatives et internationalisation du droit, 2002-2012), Mireille Delmas-Marty a été élue membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 2007 au fauteuil numéro 1 de la section « morale et sociologique », en remplacement de Jean Cazeneuve.
Professeure des universités de Lille II (1970-1977), Paris XI (1977-1990) puis Panthéon-Sorbonne (jusqu’en 2002), elle y a créé l’UMR Paris I/CNRS de droit comparé qu’elle a dirigée de 1997 à 2002. Pofesseure invitée dans la plupart des grandes universités européennes, ainsi qu’aux États-Unis, en Amérique Latine, en Chine, au Japon et au Canada, elle a créé l’Association de recherches pénales européennes (ARPE) en 1991.
Mireille Delmas-Marty est responsable de la Revue de science criminelle et de droit pénal comparé depuis 1984 et participe au comité de rédaction de diverses revues juridiques nationales et internationales.
Par ailleurs, elle a assumé de nombreuses missions d’expert, notamment auprès du Président de la République (1992, révision de la Constitution), du ministre de la Justice (1981, réforme du Code pénal ; 1988, réforme de la procédure pénale) et de l’Union européenne (1996-1999, projet pénal dit Corpus Juris ; 1999-2005, comité de surveillance de l’Office de lutte anti-fraude).
La pensée de Françoise Héritier a profondément modifié l'approche de l'anthropologie depuis la parution de L'Exercice de la parenté (EHESS, Gallimard, Seuil 1981). Africaniste, elle a étudié la société des Samo en Haute-Volta dans les années 50. Proche de Lévi-Strauss, elle lui a succédé au Collège de France où elle est professeur honoraire. Dans la continuité du structuralisme, elle a renouvelé la théorie de l'inceste (Les Deux soeurs et leur mère, Odile Jacob , 1994). Et elle a imprimé ses propres directions en travaillant sur l'imaginaire des substances corporelles. Ses travaux ont connu une très large réception avec Masculin/Féminin (Odile Jacob, vol.1 1996, vol.2 2002), une pensée de la différence sexuelle dont elle est aujourd'hui l'une des références internationales majeures. Récemment elle a écrit un livre personnel qui est devenu un succès public : Le Sel de la vie (Odile Jacob, 2012). Femme engagée dans les débats contemporains, elle intervient fréquemment sur les questions politiques, sexuelles et culturelles.
Mardi 23 avril 2013 - Françoise Héritier
19h, Maison de l'Amérique latine
(217 Bd. Saint-Germain, 75007 Paris)
Conférence / Dialogue avec François Noudelmann
Éric Baratay, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lyon, est spécialiste de l'histoire des animaux.
Il a d'abord travaillé à une histoire humaine des animaux en publiant La Corrida, PUF, 1995 ; L'Église et l'animal (France, XVIe-XXe siècle), Cerf, 1996 ; Zoos, histoire des jardins zoologiques en Occident (XVIe-XXe siècle), La Découverte, 1998 ; Et l'homme créa l'animal. Histoire d'une condition, Odile Jacob, 2003 ; Portraits d'animaux, Fage, 2007 ; La Société des animaux, de la Révolution à la Libération, La Martinière, 2008 ; repris en poche : Bêtes de somme, des animaux au service des hommes, Point-Seuil, 2011. Il fera paraître, en novembre 2012 et en co-direction, Milou, Idéfix et Cie, le chien en BD, Karthala. Il développe maintenant une histoire animale, déplacée du côté des animaux, qu'il a présentée dans Le point de vue animal, une autre version de l'histoire, Seuil, 2012. Il prépare, pour le centenaire du conflit : Les animaux dans la grande guerre, des vécus oubliés, CNRS Éditions, à paraître à l'automne 2013.
Mardi 6 novembre - Eric Baratay
"Ecrire l'histoire du côté des animaux, l'exemple de la première guerre mondiale"
Christian Trottmann est agrégé et docteur en Philosophie, depuis sa thèse à l'Ecole Française de Rome sur la Vision Béatifique (BEFAR 289) il a publié plusieurs livres et articles en philosophie médiévale et renaissante, esthétique… Directeur de Recherche au CNRS et ancien directeur de Programme au Collège International de Philosophie, il enseigne à l’Université de Bourgogne.
Mardi 9 octobre - Christian Trotmann
"L'humanité à la Renaissance, trois cas d'écoles : Nicolas de Cues, Jean Pic de la Mirandole, Charles de Bovelles"
François Noudelmann est Professeur des universités, il est aussi producteur à France Culture où il a animé de 2002 à 2010 les émissions hebdomadaires Les Vendredis de la philosophie et Macadam philo. Depuis septembre 2010, il anime Je l'entends comme je l'aime, une émission consacrée chaque dimanche aux relations entre la musique, la philosophie, la littérature et les arts.
Il dirigea le Collège international de philosophie de 2001 à 2004. Il enseigne à l'Université Paris VIII au département de littérature française et régulièrement aux États-Unis à Johns Hopkins University et New York University.
Michel Deguy, poète et philosophe, est l'auteur d'une œuvre immense, depuis les années 60, alternant recueils de poèmes et essais philosophiques et esthétiques. Il a reçu le Grand Prix national de la poésie en 1998 et dirige la revue Po&sie qu'il a créée en 1977. Professeur émérite à l'université de Paris 8, il a présidé le Collège international de philosophie de 1989 à 1992. Traducteur de Heidegger, proche de Derrida, il a développé une réflexion sur la figure qui a nourri les grands débats théoriques des années 70. Il poursuit ses travaux sur la raison poétique et intervient dans les questions contemporaines liées à l'écologie ou la critique du culturel. Son œuvre fait l'objet de nombreuses études dans les mondes francophones et anglophones.
Récentes publications (2012) : La pietà Baudelaire (Belin), Comme si, comme ça : poèmes 1980-2007 (Poésie / Gallimard), Écologiques (Hermann), N'était le coeur (Galilée)
Mardi 9 avril 2013 - Michel Deguy
19h, Maison de l'Amérique latine
(217 Bd. Saint-Germain, 75007 Paris)
Patrice Maniglier est Maître de Conférences à l'Université Paris Ouest Nanterre, après l'avoir été à l'Université d'Essex en Angleterre, et directeur de programmes au Collège International de Philosophie. Il est l'auteur de livres et articles dont l'intention est de réinterpréter l'histoire du structuralisme et d'en formuler les conditions d'une relance contemporaine. Il est notamment l'auteur de 'Vocabulaire de Lévi-Strauss' (Ellipses, 2003), 'La Vie énigmatique des signes: Saussure et la naissance du structuralisme' (Léo Scheer, 2006), 'La Perspective du Diable' (Actes Sud, 2010) et 'Foucault va au cinéma (Bayard,2011, avec Dork Zabunyan).
Yves Michaud, spécialiste de l'empirisme et des Lumières anglaises, a déployé sa réflexion en de nombreux domaines, politiques, sociaux et esthétiques. Professeur à l'université de Paris 1, il a dirigé l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de 1989 à 1997, et il est le concepteur de l'Université de Tous Les Savoirs. Philosophe engagé et d'esprit libéral, il intervient régulièrement dans le débat public, par son activité philosophique adressée à tous les âges, par sa participation pendant plusieurs années à France-Culture et par l'écriture d'un blog sur le journal Libération.
Parmi ses nombreux livres : Humain, inhumain, trop humain, Climats, 2001; L'Art à l'état gazeux : essai sur le triomphe de l'esthétique, Stock, 2003; Chirac dans le texte, la parole et l'impuissance, Stock, 2004; Précis de recomposition politique : des incivismes à la française et de quelques manières d'y remédier, Climats, 2006; Qu'est-ce que le mérite?, Bourin, 2009; Ibiza mon amour : Enquête sur l'industrialisation du plaisir, Nil, 2012.
Présentation de la conférence : "Nous sommes arrivés à un moment où l'idée de transcender l'humanité a plus de sens qu'elle n'en a jamais eu, et surtout semble plus à la portée de tout un chacun. Nous ne voulons ni mourir ni vieillir et nous estimons ces possibilités proches. Comme le fait remarquer Martha Nussbaum dans Love's Knowledge, nous balançons plus que jamais entre les propositions de Calypso et les résolutions d'Ulysse. Calypso propose à Ulysse de rester avec elle hors d'atteinte de la mort, « immortel et sans âge, sans fatigue, sans deuil, sans interruption du plaisir calme ». Ulysse préfère rentrer auprès de Pénélope mortelle et endurer les épreuves de sa vie.
Le choix n'est jamais tranché.
Il y a une première transcendance de l'homme par rapport à sa nature ordinaire et une autre transcendance par laquelle il se projette vers la perfection divine – ni mort, ni vieillesse, ni deuil, ni trouble au bonheur. Les analyses de la conduite morale ont toutes eu à affronter à un moment où un autre ces ambiguïtés de la transcendance de l'homme par rapport à sa propre nature et la question du sens et des limites du perfectionnisme.
Peut-être la question est-elle mal posée.
Ou bien en effet l'homme demeure tel qu'il est avec sa transcendance et sa finitude et la tentation de la transcendance ne peut être autre chose qu'un rêve ou une exception miraculeuse.
Ou bien, effectivement l'homme se retrouve, comme cela est possible, avec le pouvoir de se faire post-humain et la question de la transcendance ne se pose pas plus que celle d'une humanisme ou d'un posthumanisme: on entre alors dans un tout autre cas de figure qui relève probablement du biologiste, du statisticien étudiant les interactions des « particules élémentaires », du grand ordonnateur gouvernant les interactions de ces particules mais pas du philosophe, qu'il soit humaniste ou non.
Pour ma part, j'hésite entre les visions de Calypso et d'Ulysse.
En considérant l'espèce humaine en général, j'ai tendance à croire Calypso, surtout si l'on tient compte de la recherche humaine forcenée du plaisir et de la vie éternelle, mais, en tant que philosophe attaché à la culture des Lumières, je me retrouve plutôt comme Ulysse. Cela dit, si Calypso l'emportait, ce serait non pas un désastre mais autre chose – peut-être plus doux, peut-être déprimant, peut-être ennuyeux."
Mardi 26 mars 2013 - Yves Michaud
19h, Maison de l'Amérique latine
(217 Bd. Saint-Germain, 75007 Paris)
Yves Citton est professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université de Grenoble-3 et membre de l’UMR LIRE (CNRS 5611). Ses travaux portent sur l'imaginaire politique de la modernité, l'archéologie des médias, la théorie littéraire et l'esthétique. Il a récemment publié Gestes d’humanités (Armand Colin, 2012), Renverser l’insoutenable (Paris, Seuil, 2012), Zazirocratie (Éditions Amsterdam, 2011), L’Avenir des Humanités (Éditions de la Découverte, 2010). Il est co-directeur de la revue Multitudes.
Présentation de la conférence : En quoi nos expériences esthétiques (au cinéma, devant la télévision, dans un théâtre, un musée, à la lecture d’un livre) sont-elles une affaire de gestes ? En quoi ces gestes contribuent-ils à développer nos savoirs, nos sensibilités, nos humanités ? Cette conférence situera ces questions à la lumière d’une thèse d’ordre anthropologique : si la modernité industrielle a entraîné l’atrophie des gestes physiques développés par les artisans au cours des siècles antérieurs, les développements médiatiques connus par le XXe et le XXIe siècles appellent de nouveaux gestes mentaux, affectifs et relationnels – et les expériences artistiques ont constitué au cours des trois derniers siècles un laboratoire privilégié pour le développement de tels gestes. Nous sommes d'autant plus humains que nos gestes sont plus culturellement divers, moins standardisés et moins automatisés.
Mardi 19 mars 2013 - Yves Citton
19h, Maison de l'Amérique latine
(217 Bd. Saint-Germain, 75007 Paris)
Fethi Benslama est psychanalyste, professeur de psychopathologie, directeur de l’UFR d’Études psychanalytiques, Université Paris-Diderot, membre de l’'Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts, et directeur de l'Institut des Humanités de Paris. Il a publié de nombreuses études sur la clinique psychanalytique, sur l'islam et l'Europe à l'époque contemporaine. Il est l'auteur notamment des essais suivants : Soudain la révolution, Denoël, CERES, Paris, Tunis, 2011. Déclaration d'’insoumission à l’'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas, Flammarion 2005, Champs Flammarion 2011. La psychanalyse à l’'épreuve de l’islam, Aubier 2002 ; Champs Flammarion 2004. Une fiction troublante, Éditions de l'Aube, 1994. La nuit brisée, Ramsay, Coll. de psychanalyse, 1988.
Mardi 27 novembre - Fethi Benslama
"Les révolutions dans le monde arabe et le
conflit divin / humain (le cas de la Tunisie)"
Jean-Michel Besnier est agrégé de philosophie et docteur en sciences politiques. Il est professeur de philosophie à l'université de Paris IV – Sorbonne (chaire de Philosophie des technologies d'information et de communication) et dirige le DESS " Conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées " dans cette même université . Depuis 1989, il appartient au Centre de recherche en épistémologie appliquée (CREA), laboratoire du CNRS et de l'Ecole Polytechnique axé sur les sciences cognitives. Il est actuellement membre du Comité scientifique de la Cité des Sciences et de l'Industrie de La Villette, du Comité d'experts scientifiques de l'ANVIE (Association nationale pour la valorisation interdisciplinaire de la recherche en sciences de l'homme et de la société auprès des entreprises), du COMEPRA (Comité d'éthique et de précaution de l'INRA), et du CSRT (Conseil supérieur de la recherche et de la technologie). Il est par ailleurs rédacteur-en-chef adjoint de la Revue Hermès (dirigée par Dominique Wolton) et chroniqueur au magazine Sciences et Avenir Hors-Série.
Mardi 18 décembre 2012 - Jean-Michel Besnier
19h, Maison de l'Amérique latine
(217 Bd. Saint-Germain, 75007 Paris)
"Le post-humain"
Rémi Mathieu est sinologue, directeur de recherche au CNRS et enseignant à Paris VII. Il a publié de nombreux ouvrages principalement consacrés à la mythologie et à la philosophie de la Chine ancienne, dont deux volumes de Philosophes confucianistes et de Philosophes taoïstes II (en co-édition), dans la collection de la Pléiade (Gallimard), ainsi que plusieurs titres dévolus à Lao zi, Lie zi et Confucius aux éditions Entrelacs (Paris). Il prépare actuellement une Anthologie de la poésie chinoise pour les éditions Gallimard, dans la Pléiade.
Présentation de la conférence : Si la notion d'humanisme n'est pas connue en Chine avant le XIXe siècle, elle s'y introduit alors par la grâce de la philosophie occidentale. Toutefois, la pensée chinoise, principalement confucianiste, implique une forme d'humanisme en ce qu'elle considère - telle Protagoras - que l'homme est la mesure de toute chose et qu'il ne doit qu'à la seule force de sa volonté et de sa bonté innée de tendre vers son bien propre comme vers celui d'autrui. Dès lors que "tous les hommes sont frères" de qui cherche la sagesse, ne convient-il pas, selon la célèbre recommandation, de ne point faire à autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'il vous fît ? Sous cet aspect, le confucianisme est un volontarisme qui, grâce à son absence de tout dogmatisme, a su préserver jusqu'à notre temps son message optimiste d'humanité par-delà les tragédies de l'histoire chinoise.
Mercredi 13 février 2013 - Rémi Mathieu
19h, Maison de l'Amérique latine
(217 Bd. Saint-Germain, 75007 Paris)
La définition des ensembles humains s'appuie sur le partage d'un critère commun: l'appartenance à une même espèce, la provenance d'une même histoire ou l'habitation d'un même territoire fondent une humanité, un peuple, une nation. Qu'il s'agisse de tendre vers la généralité de l'humain ou d'y établir des classifications, le critère vise une identité fixant la loi de relation entre les éléments regroupés.
Mais si la relation, au lieu d'un critère logique, est pensée comme la dynamique circonstancielle des regroupements, les unités humaines paraissent alors précaires et sujettes à de constantes redistributions et transformations. Les critères d'unification (nature, raison, morale, langage…) n'offrent plus la définition a priori d'une essence humaine. Une approche poétique, affranchie des antithèses entre universalisme et particularisme, permet d'entendre à nouveaux frais la notion d'humanité, accordant leur part à la circonstance et à l'imaginaire. Sans présupposer une morale de la communauté fraternelle, elle fait place au différend et à la séparation dans la relation.
François Noudelmann