Historienne, chercheuse associée à l'Université Paris 7 Diderot, responsable d'un séminaire d'histoire de la psychanalyse à l'École normale supérieure (dont le programme cette année porte sur "l'histoire et la genèse des concepts en psychanalyse"), Élisabeth Roudinesco a écrit une vingtaine de livres sur Freud, Lacan et les enjeux politiques et philosophiques de la psychanalyse. Son Histoire de la psychanalyse en France en deux volumes (Fayard 1994) est devenu un classique. Elle entretient un dialogue avec des philosophes tels qu'Alain Badiou ou Jacques Derrida avec lequel elle a écrit De quoi demain… (Fayard 2001). Femme engagée, elle intervient fréquemment dans les débats de société. Elle parlera de sa biographie Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Seuil 2014) qui a reçu le prix Décembre et le Prix des prix littéraires.
Martine Boyer-Weinmann est professeur de littérature française contemporaine à l’université Lumière-Lyon2, où elle dirige une équipe de recherche en Littérature et Arts. Elle a dirigé un Institut culturel français en Allemagne dans les années 1990 et enseigné en Tunisie. Ses publications portent notamment sur le renouvellement des écritures biographiques et leurs discours (La Relation biographique, enjeux contemporains, Champ Vallon 2005), sur la notion de "création tardive" corrélée aux Journaux et autobiographies de femmes (Vieillir, dit-elle, 2013, Champ Vallon), sur l’antibiographisme des écrivains (Lire Milan Kundera, Armand Colin, 2009). Un autre axe de ses travaux concerne le vocabulaire et l’expression esthétique des émotions (Colères d'écrivains, avec Jean-Pierre Martin, Cécile Defaut, 2009, Dictionnaire Arts et émotions, Armand Colin, 2016 sous la direction de Carole Talon-Hugon). Elle prépare actuellement un essai sur La Traversée des amitiés.
"Trois formes de vie... et quelques autres: la vie par éclats, la vie à contretemps, la vie potentielle (Robert Seethaler, Hélène Cixous, Édouard Levé)"
Écrivain, essayiste et universitaire, Philippe Forest a eseigné à l’Université de Nantes, après avoir enseigné la littérature française dans quelques-unes des plus prestigieuses universités britanniques (Cambridge, Saint Andrew, etc). Il a publié cinq romans, L’enfant éternel (Prix Femina du premier roman en 1997), Toute la nuit, Sarinagara (Prix Décembre 2004), Tous les enfants sauf un (2007) et récemment Le nouvel amour. Il est également l’auteur de nombreux essais sur la littérature (dont Le roman, le réel, 2007), collaborateur de la revue ArtPress et co-rédacteur de La nouvelle Revue française chez Gallimard.
Françoise Simasotchi-Bronès, spécialiste de littératures francophones, est Maître de conférences à l’Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis. Elle est l’auteur de Le roman antillais, personnages, espace et histoire : Fils du Chaos, Paris, Ed. L'Harmattan, 2004. Et de nombreux articles consacrés à la littérature caribéenne, Gisèle Pineau ou Maryse Condé. Elle est également membre du jury du Prix et la Bourse Édouard Glissant.
Myriam Cottias est historienne, spécialiste de la question coloniale et de l'esclavage, directrice de recherche au CNRS, directrice du CIRESC et du Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (Université des Antilles-Guyane). Elle préside depuis 2013 le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage et dirige aux éditions Karthala la collection "Esclavages". Auteur d'une abondante bibliographie portant sur l'histoire de l'esclavage, elle a notamment publié La question noire : histoire d'une construction coloniale (Bayard, 2007).
Arlette Farge est historienne et incarne depuis une quarantaine d'années un renouveau de la réflexion sur l'histoire. Son intérêt pour des vies délaissées par l'historiographie traditionnelle, sa pensée de l'archive, son attention aux corps et aux voix ont considérablement ouvert l'écriture de l'histoire à de nouvelles perspectives. Parmi ses nombreux livres qui ont marqué la discipline historique, elle a écrit Délinquance et criminalité, le vol d'aliments à Paris au XVIIIe siècle (Plon 1974), avec Michel Foucault Le Désordre des familles (Gallimard, 1982), Le Goût de l'archive (Seuil 1989), Des Lieux pour l'histoire (Seuil 1997), Effusion et tourment, le récit des corps. Histoire du peuple au XVIIIe siècle (Odile Jacob 2007), Essai pour une histoire des voix au XVIIIe siècle (Bayard 2009), La Déchirure, souffrance et déliaison sociale au XVIIIe siècle (Bayard 2013).
Laure Adler présentera sa récente biographie, François Mitterrand, journées particulières (Flammarion) et dialoguera à propos du genre biographique et des livres qu'elle a consacrés à Marguerite Duras (Gallimard 1998), Hannah Arendt (Gallimard 2005), Simone Weil (Gallimard 2008) et Françoise Giroud (Grasset 2011).
Femme de média, créatrice d'émissions à la radio (France-Culture, France-Inter) et à la télévision (France 2, Arte, France Ô), éditrice (Grasset, Seuil), Laure Adler est aussi une historienne qui a publié de nombreux essais sur l'histoire des femmes (notamment À l'aube du féminisme : les premières journalistes, Payot 1979; La Vie quotidienne dans les maisons closes de 1830 à 1930, Hachette 1990; Les Femmes politiques, Seuil 1994). Auteure de récits romanesques, elle a écrit L'Année des adieux (Flammarion 1995), A ce soir (Gallimard 2001) et Immortelles (Grasset 2013). Biographe de Marguerite Duras, Hannah Arendt, Simone Weil, Françoise Giroud et François Mitterrand, elle interroge la représentation des vies.
"Les bons écrivains sont-ils forcément aimables ? La représentation
de la vie d'un auteur et son rôle sur le mode de lecture de son œuvre"
Camille Laurens, écrivain, a publié son premier roman Index (P.O.L.) en 1991 et poursuivi son écriture textuelle avec Romance, Les Travaux d'Hercule et L'Avenir. En 1995, elle s'est orientée vers une écriture biographique, avec Philippe qui implique la mort d'un enfant. Les critiques apparentent alors son travail à l'autofiction, dont relèvent les écritures introspectives de Dans ces bras-là en 2000 (prix Fémina et prix Renaudot des lycéens), L'Amour, roman puis Ni toi ni moi et Romance Nerveuse. Elle développe aussi une réflexion sur l'autofiction, la langue, l'identité biographique au travers d'essais comme Tissé par mille (Gallimard 2008), Encore et jamais (Gallimard 2013). Son œuvre est traduite en une trentaine de langues et son prochain roman, Celle que vous croyez, paraît en janvier 2016.
Isabelle Grell, spécialiste des œuvres de Jean-Paul Sartre et de Serge Doubrovsky, a consacré de nombreux ouvrages à l'autofiction et organisé plusieurs colloques internationaux sur ce sujet, notamment ceux de Cerisy dont elle a publié les actes. Aux éditions Cécile Defaut elle a créé la collection Le Livre La Vie. Elle dirige à l'Institut des Textes et des Manuscrits Modernes le groupe "Genèses d'autofictions".
François Dosse : Historien, professeur des universités. Enseigne à l’UPEC, à l’Institut d’études politiques de Paris, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent et au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines de l’université Saint-Quentin-en-Yvelines, auteur d'ouvrages d'historiographie depuis 1987, d'une Histoire du structuralisme en 1991-1992, de biographies : Paul Ricoeur, les sens d’une vie, La Découverte, 1997 ; Michel de Certeau, le marcheur blessé, La Découverte, 2002 ; Gilles Deleuze & Félix Guattari. Biographie croisée, La Découverte, 2007, Pierre Nora, Homo historicus, 2010 ; Cornelius Castoriadis, une vie, 2014, et d'un essai sur le genre biographique : Le pari biographique. Ecrire une vie, La Découverte, 1995.
Comme pour les sessions précédentes, les séances auront lieu à 19h, à la Maison de l'Amérique latine, 217 Bd. Saint-Germain, Paris 7e (M° Solférino).
Depuis une dizaine d'années le genre biographique a retrouvé une grande audience : les éditeurs ont recréé des collections de biographies, les monographies d'écrivains et de philosophes attirent de nombreux lecteurs. Ce regain d'intérêt succède à une époque marquée par le mépris du récit biographique. Dans les années 70, le structuralisme dénonçait l'illusion d'une lecture des œuvres à partir de la vie des auteurs, préférant parler de biographèmes ou d'effets de réel pour identifier les références à la personne de l'écrivain. Le retour de la biographie s'effectue aujourd'hui après la déconstruction du moi et il suit des voies différentes, allant de la restauration d'un "sujet" unitaire à l'invention des personnalités multiples. Le séminaire analysera des monographies singulières : celles de Sartre sur Flaubert, de Glissant sur Faulkner, de Corbin sur un inconnu du XIXe siècle, et d'autres, non conformistes, sur Montaigne, Spinoza, Nietzsche, Rimbaud, Colette, ou Beckett.
Quelles vérités peut éclairer l'écriture biographique, quel réel peut-elle atteindre, quels référents mobilise-t-elle pour composer le récit d'une existence? Comment l'imaginaire, tel que Sartre et Glissant l'ont pensé, est-il la voie d'accès majeur à la compréhension d'une existence? Le séminaire portera sur la conception et la représentation d'une "vie" et leurs enjeux théoriques. Il reviendra sur les ambitions savantes forgées par les sciences humaines et s'intéressera aussi à l'investissement imaginaire des écritures biographiques. Il interrogera ce qu'on appelle une "vie philosophique", une "vie d'écrivain" ou des "vies anonymes". Le séminaire mobilisera l'historiographie, la philosophie, la critique et l'invention littéraires. Il étudiera les relations du biographe à son sujet (son idée du savoir, ses procédures de légitimation, ses projections imaginaires). Il s'intéressera particulièrement aux déchets de la biographie : rêves, moments dépressifs, silences, trivialités, vies non vécues.