La réédition du Maître-du-Jouir de Segalen préfacée et annotée par
Colette Camelin, Éditions 2-3 choses.
À peine débarqué à Tahiti en 1903, Segalen travaille à son roman Les Immémoriaux où il imagine l’évangélisation des Maoris de leur point de vue : la perte de leur monde humain et spirituel. Après la publication de ce livre, Segalen commence en 1908 Le Maître-du-Jouir : un Gauguin imaginé « s’irrite de l’état où la civilisation a réduit » les Maoris et tente de « leur rendre leurs dieux dont il taillera les images ». Le Maître-du-Jouir entrelace plusieurs lianes : la culture polynésienne, la relation de Gauguin et de Segalen à cette culture, l’orientalisme (les Védas), le Zarathoustra de Nietzsche et la Beauté comme esthétique, du sculpteur comme du poète, et comme éthique. Édouard Glissant écrit : « Segalen va vers l’autre, court à l’ailleurs ».
Professeure émérite à l'Université de Poitiers, Colette Camelin est l'une des plus éminentes spécialistes de Saint-John Perse et de Victor Segalen, au sujet desquels elle a publié des études déterminantes. Elle est par ailleurs présidente de l'Association Victor Segalen.