Conformément à ce qui avait rendu possible la Déclaration de Basse-Terre, le paysage politique antillais a profondément évolué depuis ce début des années deux-mille. Qui aurait pu prévoir, à titre d'exemple probant, l'alliance en Martinique d'une partie de la droite départementaliste menée par Yan Monplaisir, avec les mouvements nationalistes et surtout l'indépendentiste Alfred Marie-Jeanne, sur une liste commune nommée "Gran sanblé pou ba peyi a an chans", qui a remporté les élections régionales de décembre 2015 ? Au moins une décennie de mutations des mentalités aura présidé à ce type d'évolution, sans pouvoir ici entrer dans les détails de ce mouvement-là. Et n'est-il pas révélateur, comme cela a déjà été dit, de trouver parmi les références de la majorité actuelle de la première législature de la Collectivité territoriale de Martinique, le manifeste et le traité de 2009 cosignés par Édouard Glissant ? On ne peut que tenir compte de ce type de référence, pour prendre acte qu'aujourd'hui, les engagements militant pour une surcroît de souveraineté, pour une pensée des urgences écologiques et la fondation de nouvelles perspectives de développement économique, ont essaimé au-dela des anciens repères idéologiques : c'est un fait, et il convient surtout de prendre date, pour évaluer si ce type d'argumentaire n'aura pas procédé d'une simple stratégie électorale - car désormais aux affaires, cette majorité est bel et bien confrontée aux mêmes exigences que celles que l'ancienne majorité avait eu à traiter, sous le mandat de Serge Letchimy.
Tout récemment encore, quoi de mieux pour illustrer la fortune "citoyenne" de cette vision écopolitique affirmée par le Manifeste pour un projet global, que de déceler comme un lointain mais néanmoins réel héritage dans cet autre manifeste porté par les jeunes Martiniquais, élèves des Terminales littéraires du Lycée Joseh Zobel de Rivière-Salée : "Nous jeunes Martiniquais, Américains, Français et Européens..." (cliquer ci-contre pour en lire le texte, Madinin'art, 25 mai 2016). Ce texte est bien sûr exemplaire de l'imprégnation des consciences un peu partout dans le monde, y compris celles des plus jeunes, devant les urgences écologiques. Sur une île dont les sols ont été saturés de pesticides pendant des décennies, notamment du fait d'un statut dérogatoire obtenu par les exploitants pour l'épandage aérien du chlordécone (produit interdit aux États-Unis depuis 1976), ce type de prise de conscience, auquel aura œuvré le manifeste de janvier 2000, est on ne peut plus crucial, c'est une lapalissade de le dire. Plus significatif encore est que ce même mouvement est aussi suivi par les opinions publiques caribéennes au sens général, alertées par la fragilité d'écosystème insulaires soumis aux effets dévastateurs des économies productivistes.
Plus généralement, à considérer que ce manifeste de janvier 2000, annonçant en cela la teneur des autres textes de cet ordre cosignés par Édouard Glissant dans les années deux-mille, vise aussi un élagissement, au-delà de l'échelon local et caribéen, vers un modèle justement "global" (contestant l'ordre capitaliste mondialisé), il est important de considérer qu'il s'inscrit aussi, au stade national et international, dans ce qui deviendra le mouvement alter-mondialiste, moyennant ses nombreux avatars. Il n'est pas fortuit dans cet ordre d'idée, que tout récemment, Patrick Chamoiseau ait considéré une sorte d'antériorité, d'annonce et d'intime solidarité, entre les idéaux portés par le Manifeste pour les "produits" de haute nécessité de 2009 (tant imprégné du texte de janvier 2000) et le mouvement français Nuit Debout de 2016 (cliquer ci-contre pour lire sur Madinin'art son article du 21 avril 2016 : "Quand le Manifeste pour les "produits" de haute nécessité prophétisait les Nuits Debout"). Il faut y voir la réaffirmation de ce "projet global" que clamait le texte de 2000, à la fois pour la Martinique, la Caraïbe, mais aussi pour les modèles d'une pensée du politique à l'échelle mondiale ; la vision de la Relation glissantienne, faut-il le rappeler, est au cœur de ce choix d'échelle, prolongé aujourd'hui par Patrick Chamoiseau.
C'est en tout état de cause la prégnance d'une vision prospective du développement qu'introduit cette écopolitique caribéenne proposée par Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau quand ils cosignent le Manifeste pour un projet global. L'urgence du contexte qui entoure cette question en Martinique, qui s'ajoute aux urgences de développement, s'est on peut le dire brutalement accrue après l'émergence de ce scandale sanitaire et écologique retentissant du chlordecone (voir à ce sujet Louis Boutrin et Raphaël Confiant, Chlordecone : 12 mesures pour sortir de la crise, L'Harmattan 2012). En termes insitutionnels, la mise en place de la Collectivité territoriale de Martinique à partir de janvier 2016, rapelle encore la vigueur des idéaux inhérents à cette utopie fondatrice portée par le manifeste de janvier 2000 qui, moyennant la crise sociale de 2009, n'a cessé depuis son énonciation initiale, d'être un horizon d'action globale opératoire.
Postérités politiques et citoyennes
Lorsque dans un pays (la Martinique) où avait perduré durant tant d'années une sorte de gel de la réflexion sur le statut, où les uns se complaisaient dans l'éloge répétitif des bienfaits de la départementalisation de 1946, quand les autres - à la suite du mot d'ordre de Césaire de 1981 - s'étaient figés dans un interminable "moratoire", quatre intellectuels montraient leur volonté de renouer avec une prise en main collective du destin commun, certes les consciences politiques y furent attentives. Il faut reconnaître par ailleurs que le manifeste de janvier 2000 intervient dans un contexte immédiat où cet immobilisme politique concernant la question du statut est en train de faire place à de nouvelles revendications de modifications, portées par les chefs d'exécutifs locaux, quand on se souvient que c'est un mois auparavant, le 1er décembre 1999, que le Présidant du Conseil régional de Martinique, Alfred Marie-Jeanne, la Présidente du Conseil régional de Guadeloupe, Lucette Michaux-Chevry et le Président du Conseil régional de Guyane, Antoine Karam, cosignent la Déclaration de Basse-Terre, par laquelle il demandent au gouvernement français d'œuvrer à une modification constitutionnelle portant sur le changement de statut des Antilles et de la Guyane, vers un surcroît de pouvoirs locaux. Les représentants politiques de la région Antilles-Guyane ayant publiquement et officiellement réclamé à l'État français une révision institutionnelle, les intellectuels ne pouvaient pas demeurer en arrière garde, et la proximité des deux dates (celle de la Déclaration de Basse-Terre et celle du manifeste) peut aisément donner à penser à une volonté de la part des intellectuels antillais, de porter un pendant à ce moment historique, un complément qui dans le même temps se donne le luxe d'une vision prospective concernant les modèles de développement propres à la région.
Mais c'est surtout dans les consciences populaires que graduellement, ce texte allait essaimer, en profondeur - et sans pour autant en exagérer l'audience immédiate. C'est par conséquent sur le long terme, celui qui déjà nous sépare en quelque façon de janvier 2000, qu'il faut considérer cet impact "citoyen", pour reprendre un terme qu'on aime aujourd'hui employer de manière indistincte. On pourra toujours objecter que sur le terrain politique, quand un référendum a eu lieu en 2003 à propos du statut, les Martiniquais ont voté le statu quo. Mais on ne peut pas oublier non plus qu'en 2010 le même peuple martiniquais a voté oui au choix de l'article 74 de la Consitution, comme cadre institutionnel, donnant naissance de fait à l'assemblée unique mise en place fin 2015, la Collectivité territoriale de Martinique. La préférence nette des intellectuels pour l'assemblée unique a certainement joué un rôle, dans cette décennie de réflexion statutaire relancée (2000 à 2010), dans ce choix final des Martiniquais : le nier reviendrait à négliger l'audience de cette prise de position du manifeste de janvier 2000, remise en avant dans le Manifeste pour les "produits" de haute nécessité de 2009, durant la crise sociale antillaise.
Le caractère profondément caribéen du nouveau modèle suggéré par l'appel de 2000 s'est encore confirmé par l'inscription à l'agenda des instances du CARICOM, comme dans toutes les instances internationales du reste, d'une prise en compte active (bien qu'encore en grande partie virtuelle) des réalités écologiques de la région, en interrelation directe avec les perspectives de développement économique. C'est en tout cas dans ce sens que va par exemple la Déclaration des chefs d'États et de gouvernements du CARICOM, de juillet 2015 : prenant acte de l'accélération des changements climatiques impactant gravement la région, cette déclaration milite pour des choix ambitieux de politiques publiques en matière d'écologie au niveau caribéen, d'où un certaine nombre de choix qui ont été portés par l'institution dans le cadre des négociations de la COP21 à Paris, en décembre 2015 (cliquer ci-contre pour consulter le détail de la Déclaration de juillet 2015 sur le site Madinin'art).
Le renversement voulu des paradigmes de développement tardant singulièrement à venir, deux ans après la publication de La Cohée du Lamentin et de ce constat lucide, Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau vont réitérer leur commune tentative d'une mise en alerte du collectif quant à cette urgence écologique en un moment clé, puisque c'est après le passage dévastateur sur la Martinique du cyclone Dean en 2007 qu'il saisissent l'occasion du passage du Premier Ministre François Fillon, pour adresser à l'ensemble des élus martiniquais cette lettre ouverte en manière de coup de semonce : "Renaître, aprézan !" (cliquer ci-contre : reproduction du document sur le site Potomitan), appelant à ce basculement des pratiques vers une écologie maîtrisée.
À la Martinique, j'ai osé ou hasardé il y a cinq ans la proposition d'un Projet biologique, inutile d'en exposer maintenant le détail, qui a d'une part reçu l'adhésion et bénéficié de l'action créatrices de messieurs Patrick Chamoiseau, puis Bertène Juminer et Gérard Delver, en Guadeloupe, nous avons publié dans le journal Le Monde un Manifeste sur ce projet, et qui d'autre part a été l'objet d'un séminaire de travail de plus d'une année dans le pays même, après quoi nous y avons soumis l'ensemble de nos propositions aux institutions et aux responsables. La réaction générale fut de peur, d'indifférence, de dérision. Les pays qui dépérissent aussi lentement peuvent se permettre ces sortes de renvois. Comparée à la situation d'horreur fixe et d'urgence mortelle de la plupart des pays dans le monde, celle de la Martinique, mal à l'aise mais protégée des famines, des épidémies et des massacres, lui permet d'attendre à peu près. Un esprit distingué, parisien il est vrai, me taquina plaisamment l'autre jour : « Alors, tu arranges toujours des petits bouquets de fleurs partout dans ton pays... » N'est-ce pas ? Mais désormais les tentatives plus ou moins sues, désordonnées, plus ou moins désespérées, la banane est à l'agonie, les nappes phréatiques sont atteintes par les épandages de pesticides, se multiplient, dans le sens que nous préconisions, sauf qu'encore elles méconnaissent l'aspect imparable de toute entreprise en la matière, le caractère global et total d'une telle opération. Mais ce n'est rien, dans toutes ces calamités du monde.
En 2000, le scandale de l'utilisation du chlordecone et de l'épandage aérien des cultures bananières aux Antilles n'a pas encore éclaté. Cette seule évocation peut expliquer combien cette réflexion écologique, le primat que leur accordent pour la Martinique dès la fin des années quatre vingt dix Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau, peut apparaître en avance. Édouard Glissant voit très tôt dans cette voie l'un des ressorts cruciaux de cette pensée du global en vertu de laquelle il promeut les cultures biologiques à large échelle. Cet aspect central occasionne, en synergie avec les autres signataires, cette part du texte précédemment mentionnée mais qui l'excède largement, le manifeste de janvier 2000 donnant la priorité, dans cet ensemble d'une pensée de l'intégralité, au volet politique de l'urgence de la responsabilisation collective. En somme, ce texte si dense en soi, et qui contient (c'est là son prix) plusieurs thèmes fondamentaux, avait besoin d'être "décliné" ultérieurement, ce qui a été le cas pour son versant institutionnel, devant l'urgence et l'acuité des événements de 2009. Néanmoins, à propos du volet proprement écologique, Glissant comme Chamoiseau cherchent dès cette époque à convaincre les autorités politiques, de l'urgence d'une réflexion publique menée en Martinique quant à un changement de modèle économique, sur le mode de l'écologie. Il faut reconnaître qu'en dépit de la vigueur de certains acteurs locaux en la matière (notamment associatifs), leur audience est faible ; cette trajectoire n'est pas spécifique à la Martinique, quand on se souvient de la difficulté considérable qu'ont rencontré les idées écologistes à pénétrer les consciences politiques dans les sociétés occidentales notamment, à partir de la fin des années quatre vingt dix (le chemin parcouru depuis est important, même s'il est très loin d'être achevé comme on le sait). En tout cas, cette réticence des décisionnaires locaux à entendre cette urgence et à réaliser la nécessité de cette inversion des modèles, conduira Édouard Glissant à ce constat largement amer en 2005, dans La Cohée du Lamentin :
Les persistances d'un ancrage écologique
L'autre versant de cette "écopolitique" provient donc de cette insistance sur un nouveau modèle du développement durable porté par l'ancrage d'une écologie réclamée pour la Martinique et clamée par là-même comme exemple. Sur ce point, le manifeste de janvier 2000 consacre toute une part de son déroulé à la question du projet d'une "Martinique pays à production biologique" (voir la section intitulée "Convenir d'un projet qui nous rassemble est un acte fondateur").
Pour ce qui concerne le volet de réflexion insitutionnelle, on ne s'étonnera pas que beaucoup d'acteurs des évolutions actuelles en Martinique même (dans le contexte des premiers mois d'existence de la CTM) se réclament souvent de cette pensée d'un global apte à contrer les effets désastreux de la mondialisation, et cette revendication d'une maîtrise locale des pouvoirs économiques, en une assemblée unique. C'est ce qui peut expliquer qu'on a vu apparaître çà et là, lors de la campagne locale des élections régionales de décembre 2015, plusieurs références à ces manifestes et à cette pensée-là.
Il y eut donc ces îles marquées de la pensée du continent, et ce que nous en voyons d'abord est que leur grande étendue a permis ces retirements de lutte (la possibilité de rassembler en un endroit du pays des forces significatives) qui ont conduit assez tôt à des regroupements massifs, avec comme conséquence l'émergence d'un esprit national, l'apparition d'une paysannerie décisive, le développement d'une culture consciente de ses voies et de ses pouvoirs. Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans les petites îles, mais de manière beau-coup plus fracturée, incertaine, menacée. L'absence d'un réel arrière-pays protégé n'y a pas favorisé des victoires anticolonialistes durables. C'est peut-être pour-quoi la pensée globale de la Caraïbe apparaîtra plus vite, mais sous une forme fantasmée, dans ces petites îles, comme un recours avant tout (pensons aux rêves des esclaves de Guadeloupe et de Martinique qui tremblaient de rejoindre le pays de Toussaint Louverture, en 1794), alors que la formation des nations et le renforce-ment des identités nationales ont pu contribuer pour un temps à éloigner les îles-continents des Antilles (Cuba, Saint-Domingue, Jamaïque, Trinidad) de la solidarité caraïbe, qui se révélera plus tard à eux. La géographie des Îles, en particulier leur étendue et les possibilités qui en découlèrent, a déterminé, non pas les modalités de la lutte dans ces pays, qui en général fut menée sur le même principe, mais leur intensité, leur durée ou leur accomplissement.
Ces deux versants ainsi conjugués en un même élan fondent dans la pensée de Glissant, qui y associe les cosignataires des manifestes et traité de 2000 et 2009, un nouveau paradigme qu'il est possible de nommer d'un vocable qui s'est imposé depuis quelques années, celui d'une "écopolitique", qu'il est par ailleurs adéquat de qualifier de "caribéenne", étant donné que dans ses discours et essais de ces années deux-mille, Édouard Glissant lie toute vision renouvelée de la Caraïbe à cette matrice du "projet global" - et on retrouve à souhait cet aspect dans les manifestes, et par excellence dans ce développement de La Cohée du Lamentin (2005) :
Pour saisir l'importance toute particulière de cette part du texte, il est utile de signaler qu'il synthétise toute une réflexion spécifique menée à l'époque par Édouard Glisant, conjointement à Patrick Chamoiseau, une réflexion dont on trouvera une trace tangible dans un autre texte de cette année 2000, paru dans le périodique La Tribune des Antilles, qui publie en juin un dossier signé par Patrick Chamoiseau, "Plaidoyer pour un projet global autour du biologique" (voir ci-contre), qui fait référence à cette réflexion commune.
Les postérités du projet global : vers une écopolitique caribéenne
Les répercussions du manifeste de janvier 2000 sont tout à fait tangibles et ce, déjà dans la perpétuation du geste qui amènera Édouard Glissant neuf ans plus tard, en 2009, à prendre part à l'autre manifeste déjà célèbre, le Manifeste pour les "produits" de haute nécessité qui, en pleine crise sociale aux Antilles, au beau milieu de ce mouvement insurrectionnel contre la vie chère, plaide encore et comme en écho avec le manifeste de 2000, pour une complète refondation du modèle politique antillais, refondation envisagée ici sous l'angle de l'équité économique et de la contestation des règles libérales. Cette première postérité des termes de la réflexion qui préside au manifeste de janvier 2000 se confirme encore dans le Traité pour le grand dérangement, qui est en avril 2009 une nouvelle formulation du Manifeste contre les "produits" de haute nécessité publié en mars. Les mêmes signataires (Ernest Breleur, Miguel Chamoiseau, Patrick Chamoiseau, Gérard Delver, Serge Domi, Édouard Glissant, Danielle Laport, Guillaume Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar, Jean-Claude William) y développent les principes qu'édictait déjà le manifeste de 2000 et que redéployait celui de mars 2009, à propos de la nécessité d'une responsabilisation locale, rehaussée ici par la déclinaison du principe glissantien de Relation, dans ses traductions politiques et économiques (on se référera à l'exposé en lui-même : voir ci-contre).
Cette idée force du "projet global" héritée du manifeste de janvier 2000 semble, par toutes les continuités qu'il connaîtra, être réellement fondatrice d'une vision de la Martinique qui est au cœur d'une nouvelle phase de la pensée politique d'Édouard Glissant. Une formulation si conforme aux désinences d'une Relation agissante et en accord avec ce qui cette formule tant répétée par l'écrivain et qui synthétise à elle seule justement les notions de globalité et de mondialité qui régissent son idée de l'action politique : "Agis dans ton lieu, pense avec le monde". Et précisément, c'est dans cette articulation fondamentale du local au global, qu'il faut envisager aussi les deux thématiques qui fondent les plus durables postérités du manifeste de 2000, qui sont elles-mêmes deux manières d'épeler le politique : le pôle institutionnel, bien sûr, mais aussi et dans le même temps, le pôle écologique.