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© INSTITUT DU TOUT-MONDE

Soirée présentée par Valérie Marin La Meslée

Lectures par Yasmina Ho You-Fat

  

“Qui s’en souvient ?!


Au moment de l’annonce, il aurait fallu que les fleurs du marché se retrouvent à chanter ! Un défilé de flamboyants autour de la cathédrale ! Que le ciel autorise un seul frisson de papillons au-dessus de notre rue ! Des grappes de quénettes, des pains de cacao et des boisseaux de vanille auraient dû être semés tout au long du canal Levassor et jusqu’en haut du séminaire-collège ! Des sources éclabousser chaque lettre de son nom, et des machines à coudre les incruster dans des nappes de dentelle… Toutes choses qu’elle aurait pu traverser avec un vrai plaisir sans craindre qu’on ne lui fasse honneur… En nous resserrant les uns contre les autres, nous accomplissions un concentré de tout cela. Nous réactivions ce qui animait son regard, déclenchait son sourire, et nous disparaissions dans cet ensemble qui en même temps précisait nos chagrines solitudes.


Qui s’en souvient ?


On peut imaginer Césaire et Glissant se questionnant ainsi au-dessus des béances du pays. Leurs plongées incrédules sous l’histoire coloniale amenaient à deviner des gisements admirables. Révoltes, défaites, résistances et fulgurances confuses gisaient sans audience dans la poussière et le dessous des lignes… tant et tant ! Tant de refus obstinés dans les rythmes et les danses. Tant de regards vigilants dans les clartés du rhum. Tant de volonté sous la crinière des cannes. Derrière le nègre marron qui proclame son refus se découvraient l’obscure résistance qui accepte, l’acquiescement qui refuse, la folie qui prospecte, la patience de ceux qui enduraient dedans l’Habitation. Ils tricotaient des rêves, ils défilaient l’angoisse, ils nattaient les démences, ils essayaient de conjurer la vie sous les arcanes de gestes et des tissus de signes. Ils brisaient des outils pour tenir une douleur. Ils tressaient avec les feuilles du vétiver des vouloirs et des peines qu’ils déposaient dans leurs jardins. Ils surent prendre les mornes comme ils surent conquérir les bourgs, les cités et les villes. Ils parvinrent à labourer de la vie dans la mort, à y semer ce qui tient raide et jamais n’abandonne. Ici, le décompte des héroïsmes n’a pas eu d’officiant. Le paysage fut sans témoin. Rien ne fut jugé rien ne fut pardonné, rien ne fut célébré rien ne fut oublié. Tout s’enfonça dans les mémoires sans guichet de la terre et les tombeaux du vent : qui s’en souvient, sinon ces pierres qui peut-être ont pleuré ?”  (p.120-122)

À VOIR AUSSI : Entretien sur Arte, 19 sept. 2016

par Loïc Céry

  

À ÉCOUTER : Entretien sur France Culture, 16 sept. 2016

  

À LIRE : Compte rendu critique, sur ÉdouardGlissant.fr

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À VOIR AUSSI : Rencontre au Musée Dapper, 25 sept. 2016

Lectures par la comédienne Isabelle Fruleux (voir site Internet)

accompagnée par le saxophoniste Raphaël Imbert (voir site Internet).

  

Séance présentée par Loïc Céry (ITM)

  

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La matière de l'absence - SOIRÉE AVEC PATRICK CHAMOISEAU

Paris, Maison de l'Amérique latine, vendredi 16 septembre 2016, 19h

  

Man Ninotte, la mère de l’auteur, meurt le 31 décembre 1999. Cet événement emporte l’écrivain dans une vaste réflexion poétique sur la Martinique, les origines de l’homme, l’évolution contemporaine du monde. La vie de cette femme énergique et lyrique lui permet d’évoquer le destin du peuple antillais, depuis la cale des bateaux négriers jusqu’au cauchemar des plantations où les victimes durent inventer de nouvelles formes de résistance. Le livre se structure à partir d’évocations de la vieillesse, de la mort, des obsèques de Man Ninotte, qui permettent des explorations de la petite enfance de l’auteur, associée à de multiples origines, celles de la Caraïbe, celles des Amériques, celles de l’humanité. Le défi qu’il se lance – de mener de front un récit très intimiste, souvent bouleversant, sur sa famille, dominée non seulement par la mère, mais aussi par la sœur aînée surnommée « la Baronne», et une analyse qui remonte au temps préhistorique de l’Homo sapiens, jusqu’à une géopolitique de l’urbanisme, du paysage, du rapport entre les cultures – est parfaitement relevé, avec tendresse, humour et légèreté. Parfois intervient « la Baronne » à laquelle le narrateur s’adresse et qui apporte une touche de dérision à l’intellectualisme de son frère. Mais il n’en est pas perturbé et poursuit ses réflexions sur différents sujets : la mort, mais aussi les marchés, les petits magasins, les repas, les vêtements, les carnavals, l’école, l’église, la danse et la musique. Avec en arrière-plan cette origine tragique (appelée « digenèse » par Édouard Glissant) qui n’est autre que le ventre du bateau négrier : lieu terrible d’une initiation à une autre poétique de l’existence au monde.

« Ce que les poètes écrivent ne constitue que les décombres de ce qu’ils ont su vivre. Et ce qu’ils ont su vivre n’est que l’écume de ce qu’ils ont pu deviner et dont le manque leur reste à vie, comme le sillage d’une lumière. » Celle sans doute d’un très grand livre.


Patrick Chamoiseau est né le 3 décembre 1953 à Fort-de-France en Martinique. Prix Goncourt pour Texaco (en 1992), il est l'auteur de récits intimes (Une enfance créole, en trois volumes), de romans (Chronique des sept misères, Solibo Magnifique, Biblique des derniers gestes), d'essais (Éloge de la créolité, Lettres créoles, Écrire en pays dominé), de pièces de théâtre, de poèmes et de scénarios. Il vit au Lamentin (Martinique).


  

(Édouard Glissant, Une nouvelle région du monde, 2006)

"Nous avons rendez-vous où les océans se rencontrent..."