09h30 – 10h00 : OUVERTURE
Ouverture de la rencontre par Sylvie Glissant, Directrice de l’Institut du Tout-monde
Introduction par Catherine Delpech -Hellsten
10h00-10h40 : CONFÉRENCES (Présidente de séance : Danielle Perrot-Corpet)
Samia KASSAB-CHARFI : « Kateb Yacine, Frantz Fanon, Édouard Glissant, visions croisées de la brisure »
Bénamar MÉDIÈNE : « Fanon, Kateb, Glissant : le verbe tendu comme une catapulte »
(Pause)
10h55-11h35 : CONFÉRENCES (Présidente de séance : Danielle Perrot-Corpet)
Daniel-Henri PAGEAUX : « Fanon, Glissant, Yacine. Écritures de la médiation »
Aliocha WALD LASOWSKI : « F. Fanon, K. Yacine, É. Glissant : politiques des arts »
11h35 – 12h20 : DISCUSSION entre les conférenciers
(Pause)
14h30 – 15h20 : PAROLES D’ABDELWAHAB MEDDEB – HOMMAGE –
Présentation par Aliocha Wald Lasowski
Benjamin STORA : « Un travail en commun pour une “Histoire des relations entre juifs et musulmans” »
Michel DEGUY : « Salut au poète Abdelwahab Meddeb »
– Paroles d'Abdelwahab MEDDEB, lectures par Sophie Bourel –
15h20 – 15h55 : CONFÉRENCES (Présidente de séance : Catherine Delpech-Hellsten)
Raphaël LAURO : « Brève présentation des archives politiques d'Édouard Glissant - 1950-1960 »
Edwy PLENEL : « Martinique, Algérie : de l’île au continent, l’archipel des indépendances »
(Pause : de 15h55 à 16h10)
16h10 – 18h10 : TABLE-RONDE (Présentée par Zineb Ali Benali)
Nicole Lapierre, Daniel Henri Pageaux, Samia Kassab-Charfi, Bénamar Médiène.
18h10 - 20h00: SÉANCES DE SIGNATURES DES AUTEURS suivies d’un COCKTAIL
La part d’opacité aménagée entre l'autre et moi, mutuellement consentie (ce n’est pas un apartheid), agrandit la liberté, confirme aussi mon libre choix, dans une relation de pur partage, où échange et découverte et respect sont infinis, allant de soi. […] L’opacité accueille et recueille le mystère et l’évidence de toutes les poétiques, c’est-à-dire de tous les détails des lieux du monde, sans les offusquer et sans tenter de les réduire à l’unité. L’opacité ne favorise aucune essence, qui serait retirée en son seul consentement. Elle déclame en probabilités accessibles les épaisses dimensions de l’être-comme-étant, c’est l’éclair, qui hésite et chavire : poésie.
Édouard Glissant, Philosophie de la Relation, Poésie en étendue.
Le vrai poète, même dans un courant progressiste, doit manifester ses désaccords. S'il ne s’exprime pas pleinement, il étouffe. Telle est sa fonction. Il fait sa révolution à l’intérieur de la révolution politique ; il est, au sein de la perturbation, l’éternel perturbateur. Son drame, c’est d’être mis au service d’une lutte révolutionnaire, lui qui ne peut ni ne doit composer avec les apparences d’un jour. Le poète c’est la révolution à l’état nu, le mouvement même de la vie dans une incessante explosion.
Kateb Yacine, Le poète comme un boxeur
Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve.
Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc.
Tous deux ont à s’écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs, afin que naisse une authentique communication. Avant de s’engager dans la voix positive, il y a pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné et noyé dans la contingence. Le malheur de l’homme est d’avoir été enfant.
C’est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c’est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d’existence idéales d’un monde humain.
Supériorité ? Infériorité ?
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de trouver l’autre, de sentir l’autre, de me révéler l’autre ?
Ma liberté ne m’est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ?
[…] Mon ultime prière :
Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !
Frantz Fanon, Peau noire, masque blanc
Franz Fanon, Kateb Yacine et Édouard Glissant sont de la même génération : de celle qui fit l’épreuve longue et désastreuse du passage d’un monde vers un autre ; de celle qui vécut, en prolongement de l’esclavage, les affres de la domination, du racisme, des guerres, et les redistributions plus insidieuses et bien orchestrées des cartes néocoloniales. Aujourd’hui, en considérant avec recul ce que ces trois acteurs, penseurs et passeurs de la désaliénation des peuples ont accompli, jusqu’à la transition vers le vingt-et-unième siècle pour ce qui concerne Édouard Glissant, on lit comme une évidence l’alliance rare de deux qualités qu’ils avaient en commun : Fanon, Kateb et Glissant était de la trempe à la fois des libres penseurs et des hommes de terrain. Cette pensée pragmatique dictait en eux la nécessité de confronter le concept au champ concret. Farouchement indépendants, ils étaient tous trois intimement certains que rien ne changerait sans un travail de fond avec les peuples dans leur lieu et en relation avec la totalité-monde. Leur projet artistique et poétique, leur action culturelle et intellectuelle se sont toujours distanciés du confinement confortable des salons et des cercles ; chacun s’est attelé sans relâche à désobstruer, sans violence mais sans concession, les orientations qu’ils jugeaient inopérantes, insuffisantes ou inadéquates : avec eux pas de non-dit ni d’angélisme, pas de faux-semblants. Le moins qu’on leur doive aujourd’hui, éthiquement, eu égard à ce combat qu’ils ont mené pour tous et avec tous, est d’ouvrir le champ d’une lecture neuve, dynamique et croisée de leur œuvre… Une exégèse dégagée des fureurs civiques et politiques, et qui dans ses différents axes posera comme priorité de renouer avec l’intention profonde de chacun d’eux ; de pointer les récupérations politiques, les dérives d’interprétations, les classifications restrictives qui ont pu être faites par le passé ; de retrouver le sens de ce que ces trois voix tutélaires nous ont apporté : un savoir-faire et un savoir-lire et vivre le monde que nous tâcheront aujourd’hui de redéfinir.
Les pensées en action menées par F. Fanon, K. Yacine et É. Glissant nous sont plus que jamais nécessaires aujourd’hui. Il nous appartiendra de mettre en relief les alternatives qu’ils proposent aux cloisonnements politiques, idéologiques ou philosophiques habituels, et de préciser en quoi les actions socio-thérapeutiques, philosophiques et poétiques sont en tant que telles des actions politiques. Comment celles-ci peuvent ouvrir au « grand champ d’énergie des différences » qu’É. Glissant proposait comme « seul universel concevable, dans la diversité », « l’idéal étant, pour F. Fanon, que toujours le présent serve à construire l’avenir », et qu’il continue d’être posé comme ce qu’il faut « dépasser »… toujours, comme K. Yacine, « le cœur entre les dents ».
Dimanche 15 mars 2015
Lieu : New Morning
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"Paroles poétiques / paroles politiques"
18h00 – 19h30 : TABLE-RONDE (Présentée par Samia Kassab-Charfi)
Discussion avec Esther Tellermann, Michel Deguy, Kadhim Jihad Hassan, Tahar Bekri, Victor Martinez.
Les poètes lisent leurs textes
19h30 – 20h00 : PAUSE COKTAIL
20h00 : SOIRÉE POÉTIQUE ET MUSICALE
Jacques COURSIL : Les grands chaos
Jean-Michel MARTIAL et Julien BÉRAMIS : Lectures de Frantz Fanon, Kateb Yacine, et Édouard Glissant
Avec la participation de Laurence BAPTISTE (comédienne) et Éric VINCENO (contrebasse et basse)
Un stand de livres sera tenu tout au long de la rencontre et les séances
de signatures par les auteurs présents se feront au fil de l’eau.
L'entrée est libre tout au long de la rencontre, sauf à la soirée au New Morning (table ronde + soirée musicale) : Entrée 8 € et tarif réduit pour les étudiants (4 €) / gratuite pour les adhérents de l'ITM.
14h00 : DISCOURS INAUGURAL DE MME TAUBIRA, MINISTRE DE LA JUSTICE
14h20 – 15h20 : CONFÉRENCES (Président de séance : Aliocha Wald Lasowski)
Manthia DIAWARA : « La réception des trois auteurs aux USA »
Zineb ALI BENALI : « Quels mots pour dire le monde quand il bascule: Fanon, Kateb, Glissant? »
Catherine DELPECH-HELLSTEN : « F. Fanon, K. Yacine, É. Glissant, passeurs de peuples »
(Pause)
15h30 – 17h30 : TABLE-RONDE (Présentée par Edwy Plenel)
Bénamar Médiène, Alice Cherki, Benjamin Stora, Manthia Diawara.
17h30 – 18h00 : SÉANCES DE SIGNATURES DES AUTEURS
Samedi 14 mars 2015
Lieu : Maison de l'Amérique latine
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"Penser le monde aujourd'hui, avec Frantz Fanon, Kateb Yacine, Édouard Glissant"