Avec lui, nous avons évoqué non seulement la postérité d'une figure devenue quasiment un mythe dans l'histoire de la musique, mais nous avons eu surtout l'occasion, grâce aux lumières irremplaçables d'un véritable pédagogue de cette musique de génie, d'entrer en connivence avec cet univers à la fois exigeant et fascinant des Quatuors de Beethoven, auxquels Bernard Fournier a consacré en 2020 un essai déterminant (à la fois guide et étude esthétique et sémantique), À l'écoute des Quatuors de Beethoven (Buchet-Chastel).
C'est cet entretien que nous vous proposons ici en trois podcasts agrémentés de nombreux extraits musicaux commentés par Bernard Fournier. Vous trouverez au sein de cette rubrique un certain nombre de compléments utiles à ces podcasts, histoire de donner un modeste aperçu de la méthode d'éclairage de ces œuvres immortelles, par un musicologue qui depuis tant d'années s'est fait sans doute le meilleur transmetteur de Beethoven - à propos de qui on rappellera d'entrée de jeu qu'il était le compositeur préféré d'Édouard Glissant.
Liste des extraits musicaux (de Beethoven, sauf l'exception précisée)
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TROISIÈME PARTIE :
Allegretto du Quatuor op. 135 en fa majeur, par le Quartetto Italiano
Vivace (2e mvt.) du Quatuor op. 135 en fa majeur, par le Quartetto Italiano
Andante ma non troppo e molto cantabile (4e mvt., 6e variation) du Quatuor op. 131 en ut dièse mineur, par le Quartetto Italiano
Maestoso-Allegro (1er mvt.) du Quatuor op. 127 en si bémol majeur, par le Quartetto Italiano
Arietta (Adagio molto semplice e cantabile) de la Sonate pour piano N° 32 en ut mineur op. 111 (2e et 3e variations), par Alfred Brendel
Andante du Quatuor op. 131 en ut dièse mineur, par le Quartetto Italiano
DEUXIÈME PARTIE :
Allegro (1er mvt.) du Quatuor N° 18 K. 464 en la majeur de Mozart, par le Quartetto Italiano
Presto (4e mvt.) du Quatuor op. 18 N° 3 par le Quatuor Alban Berg
Allegro (1er mvt.) du Quatuor op. 59 N° 1 en fa majeur par le Quartetto Italiano
Poco Adagio - allegro (1er mvt) du Quatuor op. 74 en mi bémol majeur « Les Harpes », par le Quatuor Alban Berg
Allegro con brio (1er mvt.) du Quatuor op. 95 en fa mineur « Quartetto sérioso », par le Quatuor Alban Berg
Adagio affettuoso ed appassionato (2e mvt.) du Quatuor op. 18 N° 1 en fa majeur, par le Quartetto Italiano
Menuet (2e mvt.) du Quatuor op. 18 N° 5, par le Quartetto Italiano
Grande Fugue en si bémol majeur op. 133, par le Quartetto Italiano
Allegretto (2e mvt.) de la Symphonie N° 7 en la majeur op. 92 par l'orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Leonard Bernstein
Larghetto du Concerto pour violon en ré majeur op. 61, par Itzhak Perlman et le Philharmonia Orchestra sous la direction de Carlo Maria Giulini
TROISIÈME PARTIE : la pratique du dialogisme dans les Quatuors ; la pensée du multiple et de l'hétérogène ; l'humanisme et l'ouverture au monde chez Beethoven, de l'isolement à la fraternité ; les implications philosophiques de l'œuvre.
DEUXIÈME PARTIE : le rapport à Mozart ; les trois styles de Beethoven ; le drame de la surdité et son rôle dans l'œuvre.
PREMIÈRE PARTIE : Introduction ; panorama du 250e anniversaire ; la place des Quatuors dans l'œuvre ; le rapport de Beethoven à Haydn et Mozart dans les Quatuors.
Et parmi ses nombreuses conférences, consultez ses deux interventions au colloque « Beethoven 250 » qui s'est tenu à Bruxelles les 23, 24 et 25 novembre 2020.
On peut parler sans exagération d'un sacerdoce de la transmission, quand on jette un regard sur l'œuvre de Bernard Fournier à l'endroit de l'œuvre de Beethoven. De toute évidence, il n'est pas « simplement » question ici de musicologie, au sens d'un savoir clos sur lui-même et réservé aux happy few (un terme que ne renierait pas ce fin connaisseur de Stendhal à qui il a consacré sa première thèse, avant sa thèse d'État sur Beethoven et la modernité). L'érudition est bien là, surtout quand il s'agit de croiser les approches stylistiques, philosophiques et littéraires pour reparler de musique sous un angle élargi. Mais tout cela est mis au service d'une pédagogie ouverte à tous ceux qui désireraient se familiariser avec l'univers beethovénien, et qui s'éloignant des seuls tropismes biographiques, voudraient comprendre l'homme et sa musique, l'homme dans sa musique, et la musique comme meilleure passerelle vers un homme qui mit dans son art tout son rapport au monde et au temps. Voulez-vous comprendre en quoi Beethoven révolutionna l'expression musicale en son temps et pour les temps à venir ? Voulez-vous connaître les repères les plus subtils et certainement les plus fondamentaux de l'écriture musicale du compositeur ? Voulez-vous surtout comprendre ce qui fait de Beethoven notre contemporain, par la puissance de sa pensée et de son humanisme ? Eh bien lisez donc Bernard Fournier, plongez en immersion dans ses essais. L'essentiel de son approche et de sa pédagogie se retrouve dans ses essais, pour lui qui a par ailleurs mené depuis plusieurs années une inlassable activité de conférencier sollicité un peu partout dès qu'il s'agit de Beethoven. Des ouvrages capitaux.
À consulter, le précieux site de Bernard Fournier.
Bernard Fournier et la transmission éclairée de Beethoven
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PREMIÈRE PARTIE :
Allegro (1er mvt.) du Quatuor op. 59 N° 1 en fa majeur par le Quatuor Alban Berg
Allegro (1er mvt.) et Adagio cantabile (2e mvt.) du Quatuor op. 18 N°2 en sol majeur par le Quartetto Italiano
Adagio (La Malinconia) du 4e mvt. du Quatuor op. 18 N° 6 en si bémol majeur par le Quartetto Italiano
Allegro con brio (1er mvt.) de la Symphonie N° 5 en ut mineur op. 67, par l'orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Herbert von Karajan
ENTRETIEN AVEC BERNARD FOURNIER (19 DÉCEMBRE 2020)
Autour de son ouvrage À l'écoute des Quatuors de Beethoven
Dans le monde entier, l'année 2020 aura été marquée par le 250e anniversaire de la naissance de Ludwig van Beethoven à Bonn, en 1770 (une commémoration bien mise à mal par la pandémie du coronavirus, au point que la commémoration a été prolongée en Allemagne pour 2021 par la chancelière Merkel). L'Institut du Tout-Monde aussi aura célébré cette date, la semaine même de la commémoration (Beethoven est né le 16 ou le 17 décembre 1770), en recevant pour le deuxième volet de ses « Grands entretiens » Bernard Fournier, l'un des plus éminents spécialistes de Beethoven par le monde aujourd'hui, musicologue spécialiste de l'histoire du quatuor à cordes.