CYCLE "PENSER LA CARAÏBE, PENSER LE MONDE"
Partenariat ITM / Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Journée d'études du groupe de recherche MCTM
Fondation Maison des Sciences de l’Homme, Paris (FMSH)
UMR « Passages », CNRS, Université Bordeaux-Montaigne
Institut du Tout-Monde (ITM)
Université Paris Diderot – Laboratoire CESSMA
Discussion entre CLR James et Stuart Hall, enregistrée en 1986
(Mike Dibb, Mirus Prioduction for Channel Four Television Co.).
Les débats animés par Sarah Fila-Bakabadio (AGORA, Université de Cergy-Pontoise) et les coordinateurs de la journée.
- Christine Chivallon, Passages-CNRS, Sciences Po Bordeaux, MCTM
- Loïc Céry, Institut du Tout-Monde (Pôle numérique) et MCTM
- Didier Nativel, Université Paris Diderot, CESSMA et MCTM
- Matthieu Renault, Univerité Paris 8, LLCP et MCTM
La journée d'études avaient débuté par la diffusion du film de John Akomfrah, The Stuart Hall Project (production BFI), biographie intellectuelle du penseur jamaïcain. Ci-dessous, la bande-annonce du film, dont l'intégralité est disponible à l'achat sur les sites marchands, notamment sur Amazon.
Mot de bienvenue de Gilles Guiheux, directeur du CESSMA, Université Paris Diderot ; Présentation du partenariat ITM-MCTM par Loïc Céry, coordonnateur du pôle numérique de l'ITM ; Présentation de Stuart Hall par Christine Chivallon, directrice de recherche au CNRS, coordonnatrice de MCTM.
Le groupe de recherche "Mondes caraïbes et transatlantiques en mouvement" (MCTM) basé à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH) entame un cycle de journées d'études consacrées aux "Penseurs de la Caraïbe", destinées à mettre à l'épreuve le propos scientifique de ce groupe de recherche. Par-delà la notion d’aire culturelle, la Caraïbe est en effet considérée ici comme un paradigme qui se prête à la mise en relation avec un ensemble de situations que le projet de la modernité occidentale a contribué à infléchir. Lieu de condensation de dynamiques sociales extrêmement composites, prototype d’une globalisation précoce, la Caraïbe interroge le soubassement historique de notre contemporanéité en rappelant sans cesse le rapport de violence fondateur qui irrigue les démocraties occidentales au moment où celles-ci élaborent leurs premières constitutions et leurs idéologies universalistes sur le socle de l’esclavage aux Amériques. Elle invite à l’ouverture aux autres régions du monde, dans un mouvement tout autant comparatiste que « trans-aréal », par-delà même l’espace transatlantique, notamment vers les sociétés de l’Océan indien, à la faveur de voisinages historiques trop souvent délaissés. La première journée de ce cycle est consacrée au sociologue d’origine jamaïcaine Stuart Hall dont l’œuvre illustre de manière remarquable la projection dans un univers de pensée destiné à s’extraire de son historicité tout en y plongeant continûment. Avec Stuart Hall, c’est la possibilité de penser la domination en tout lieu qui nous est offerte, tout comme celle de comprendre les manières de négocier avec le pouvoir, de « décoder » et de défaire les « encodages » hégémoniques. Illustre fondateur des cultural studies, Stuart Hall a su replacer les représentations au centre de la construction sociale et influencer durablement une perspective sociologique non ignorante du lien intrinsèque entre les produits de la pensée et leur incarnation dans nos systèmes sociaux. Depuis ses études sur les médias jusqu’à ses textes anti-essentialistes sur les identités culturelles et la diaspora antillaise, Stuart Hall opère par va-et-vient entre l’expérience singulière et son dépassement pour être un penseur de l’universel, au sens où l’entendait Édouard Glissant, c’est-à-dire comme vision projective où aucune culture « ne peut se prévaloir d’une légitimité absolue » et où se tisse « la recomposition du paysage mental [des] humanités d’aujourd’hui ».
Consacrée à Stuart Hall, cette journée comprendra cependant un volet de « transition » avec la prochaine rencontre programmée autour de l’écrivain militant trinidadien C.L.R. James avec lequel nous penserons la transnationalité des luttes contre la domination et la porosité transfrontalière des modèles idéologiques. Ce sera l’occasion d’une ouverture sur le panafricanisme, que ce cycle se propose d’aborder au cours de ses séances futures et première étape de la démarche « trans-aréale ». Cette transition se fera grâce à la projection d’un film documentaire rapportant un dialogue entre C.L.R. James et Stuart Hall.