CYCLE "PENSER LA CARAÏBE, PENSER LE MONDE"
Partenariat ITM / Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Au sein de l'Espace MCTM de notre MOOC "Connaître l'esclavage" vous pouvez consulter le module consacré à la communication de Matthieu Renault (lors de la journée d'études du groupe de recherche MCTM à Sciences Po Bordeaux en mai 2015) à propos de son ouvrage L''Amérique de John Locke. L'expansion coloniale de la philosophie européenne (La Découverte, 2014)
À écouter : la chronique des "Nouveaux chemins de la connaissance" sur l'ouvrage de Matthieu Renault
Intellectuel diasporique par excellence, militant panafricain de la première heure, James a pris part aux grands mouvements de décolonisation de son temps en Afrique et dans la Caraïbe et fut un acteur de premier plan des luttes noires aux États-Unis.
Fervent partisan de Trotski avant de rompre avec l’héritage de ce dernier pour défendre la thèse de l’auto-émancipation des masses ouvrières-populaires, James eut un destin étroitement imbriqué dans celui du marxisme au XXe siècle. Pour ce « marxiste noir », révolution socialiste et luttes anticoloniales-antiracistes étaient intimement enchevêtrées : elles s’inscrivaient dans l’horizon d’une « révolution mondiale » dont la source et le centre ne pouvaient plus être la seule Europe. C’est à celle-ci que James s’est voué corps et âme pendant plus de cinq décennies, débattant et collaborant avec ses contemporains aux quatre coins du monde.
Dans une conjoncture où la gauche radicale éprouve de grandes difficultés à renouveler ses stratégies face aux revendications des minorités non blanches et où la critique de l’eurocentrisme bat de l’aile, méditer la vie et l’œuvre de James pourrait se révéler essentiel dans la tâche de construction d’une pensée de l’émancipation qui soit, enfin, à la mesure du monde.
Qui, en France, connaît C. L. R. James ? Né en 1901 à Trinidad, alors colonie de la Couronne britannique, et mort à Londres en 1989, celui que le Times dénomma à la fin de sa vie le « Platon noir de notre génération » est pourtant une figure intellectuelle et politique majeure d’un siècle qu’il aura traversé presque de part en part.
Maître de conférences en philosophie à l'Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Matthieu Renault s'est fait remarquer en 2011 par l'une des plus cruciales études de ces dernière années à propos de Fanon, Frantz Fanon. De l'anticolonialisme à la critique postcoloniale (Éditions Amsterdam, 2011), puis en 2014 par L'Amérique de John Locke. L'expansion coloniale de la philosophie européenne (Éditions Amsterdam, 2014). Il a aussi coordonné l'édition en 2013 de la première traduction française du récit autobiographique de Solomon Northup, 12 ans d'esclavage - Twelve years a slave (Éditions Entremonde, 2013), dont fut tiré le film de Steve MacQueen, Oscar 2014 du meilleur film. Matthieu Renault est membre de l'équipe de recherche MCTM ("Mondes caraïbes et transatlantiques en mouvement", CNRS - Laboratoire "Passages" - Sciences Po Bordeaux - FMSH).
Pour la seconde séance de cette première session de notre nouveau Cycle "Penser la Caraïbe, penser le monde" en partenariat avec le groupe de recherche MCTM ("Mondes caraïbes et transatlantiques en mouvement") et la FMSH, nous recevions Matthieu Renault pour son tout récent livre consacré à l'immense philosophe et historien trinidadien CLR James encore si méconnu en France, comme du reste tous les autres intellectuels de la Caraïbe anglophone. C'est pourtant une œuvre considérable que James, mort en 1989, a laissé derrière lui, hormis même son fameux essai sur la révolution haïtienne qui lui valut la célébrité, Les Jacobins noirs paru en 1938, puis traduit en français en 1949. Une œuvre marquée par un intense engagement anticolonialiste déployé au long de toute une vie de militant politique marxiste et promotteur du panafricanisme. C'est à la découverte de cette œuvre et de ce parcours que nous invite Matthieu Renault, dans cette première biographie intellectuelle de celui que le London Times désignait en 1980 comme le "Platon noir" du XXe siècle. Sachons aussi nous rappeler qu'Édouard Glissant avait dit à maintes reprises son tribut envers la pensée de CLR James.