"Tant que les lions n'auront pas leurs historiens, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur ", dit un proverbe bantou. C'est précisément le point de vue du lion que défend ici Dénètem Touam Bona en mettant en lumière, à travers la question du marronnage, l'action et la créativité des colonisés. Entre carnet de voyage, enquête anthropologique et méditation littéraire et philosophique, il narre l'histoire occultée des fugues, celles du " gitan " nomade, du soldat déserteur, du migrant " clandestin " et de tous les réfractaires à la norme, au contrôle ou à la domestication. Foucault l'a bien vu, " la visibilité est un piège ". Art de la disparition, le marronnage est plus que jamais d'actualité. Déjouer les surveillances, les profilages, les traçages marketings et policiers ; disparaître des bases de données ; étendre l'ombre de la forêt l'espace d'un court-circuit. Dans notre monde cybernétique où le contrôle en temps réel de l'individu est sur le point de devenir la norme, le nègre marron apparaît comme une figure universelle de résistance.
Dénètem Touam Bona enseigne la philosophie à Mayotte où il étend son travail d'enquête sur les marronnages à l'océan Indien et à l'Afrique. Il collabore régulièrement avec des revues telles qu'Africultures ou Outis.